Juillet

Vendredi 1er juillet


Haro sur les automobilistes !
Les pages « faits divers » édifient sur les crasses sociales en tous genres. Lorsqu’un peuple se montre si prompt à fustiger les élites politiques et économiques, il devrait consulter davantage ces florilèges lamentables de la « France de base » et relativiser les écarts des édiles, les « inatteignables » : escroquerie, pédophilie, agression, délinquance routière… la grande parade des vices humains s’impose comme une stagnation quotidienne.
Un exemple de cette bêtise imbue sanctionnée par la peine capitale : quatre jeunes dans une « Audi » (la frime ? pauvres cons !) prêtée par l’un des pères ; une arrivée en trombe dans un village des Côtes d’Armor ; une ligne droite idéale pour enfoncer la pédale ; rires et déconnages à fond la caisse ; une roue qui mord sur un terre-plein et c’est le décollage ; écrasement contre un arbre : fracas inouï de la taule écrasée, des chairs et des os broyés. Résultat des festivités : quatre cadavres, des familles endeuillées et aucune prise de conscience par les déjantés de la route. Seule satisfaction : aucun piéton, aucune voiture tranquille n’a croisé la route de ces dérisoires liquidés par une belle aube d’été…
L’élévation vers les faiseurs du monde faisandé n’enchante pas davantage. La face cachée du 11 septembre d’Eric Laurent ne laisse aucune tête indemne : la complaisance américaine envers ceux qui les exècrent, le double jeu des Saoudiens, entre intégrisme et bénéfices obscènes, l’indéfectible soutien des services secrets pakistanais au Ben Laden tout en présentant une face vertueuse dans la lutte antiterroriste. Les intérêts de cette malodorante frange s’entrecroisent, les coupables se soutiennent selon la règle tacite du « préserver l’autre pour se protéger soi-même ». Même Massoud, d’après l’analyse de Laurent, n’avait pas l’engagement anti-talibans aussi transparent. Bouillie de l’histoire dont la diffusion future expurgera, selon le pays concerné, les facettes les plus immondes le concernant. Moi-même, aberré dans certaines indignations post 11 septembre, j’ai occulté la complexité des relations entre les pays et les hommes pour ne retenir que la réelle horreur du crime perpétré. Sur le banc des accusés les terroristes et leurs soutiens, bien sûr, mais aussi tous ceux qui ont contribué au fleurissement de ces extrémistes religieux, aux motivations diverses, et ce depuis le soutien en Afghanistan contre les forces soviétiques. Amis-ennemis : peu importe l’étiquette, ce qui compte avant tout est de servir ses intérêts de pouvoir, d’influence, de vengeance, de fric, etc.
De haut en bas, rien pour réjouir l’âme et adoucir la vision désespérante de cette putain d’humanité… sauf peut-être les cercles affectifs et culturels évoqués il y a quelques jours. Fin des lamentations !
Ce soir, nous dînons chez Laure et Daniel qui, après leur aventure dans la restauration, ont retrouvé un équilibre de vie.

Samedi 2 juillet
Le couple va très bien. De beaux enfants : un Erwan mature, jouant à merveille son rôle d’aîné ; une Lina de vingt mois, petite poupée blonde pleine d’entrain. Un équilibre professionnel retrouvé. Seule ombre : le frère de Laure que nous évoquons en milieu de soirée. Archétype du malchanceux que les circonstances s’acharnent à enfoncer un peu plus. Sa sœur le dépeint comme la victime imméritée d’un système d’exclusion, elle ressent très mal cette déchéance qui a poussé son collatéral à une tentative de suicide : seul (n’ayant jamais eu de compagne identifiée), sans travail, taciturne et isolé par nature, il entretient cette funeste spirale.


Le Pessimisme mou
Le pessimisme ambiant sur la stagnation, voire l’enlisement du pays atteint les éditorialistes de la presse régionale comme celui de Ouest France ce matin. Mise en cause à peine voilée d’une population déphasée, inconsciente des réalités qui s’imposent, irréaliste quant aux solutions qu’elle voudrait voir mises en œuvre par un Etat qu’elle critique à chaque occasion.
L’antienne de Chirac, lors de la campagne référendaire, sur les formidables aspects du pays, ne trompe plus : le Non des frileux et des grincheux a balayé toute perspective constructrice pour nous laisser dans une bourbe hexagonale. Leur défoulement dans l’isoloir, synonyme de rejet caractériel, ne les soulagera que très provisoirement.
Quelle magnifique perspective que de voir les représentants disparates du Non prendre en main la destinée du pays ! De quelle épaisse démagogie va s’attifer leurs discours pour faire accroire que tout s’éclaire, tout s’ouvre, que le grand soir refondateur va dépasser notre torpeur… et surtout que nous pourrons mener une politique salvatrice sans prendre en compte la réalité mondiale : jouer à Cuba ou à la Corée du Nord en quelque sorte ! Fabuleux projet d’outre tombe. Européens, priez pour nous…
Cette semaine de vacances m’a redonné le goût d’écrire au quotidien. J’espère le prolonger malgré la reprise professionnelle.

Dimanche 3 juillet
23h. Vite avant l’extinction des feux. De retour à Lyon. Sur le parcours, je tombe sur la fin d’une émission avec Philippe Séguin. Très touchant personnage dans le témoignage de sa situation d’orphelin et des conséquences pour son parcours. Serge Moati, le réalisateur, le ressent un peu comme son grand frère. Voilà pour le bref instantané.
Demain, sur le pont !

Lundi 4 juillet, 23h
Reçu une carte de maman et Jean ayant séjourné chez Mona (ma tante divorcée de Paul) et son mari en Tunisie. Ce soir, un courriel pour nous donner quelques nouvelles plus détaillées après leur retour à Saint-Crépin. A noter les signes négatifs dans le comportement du mari de Mona envers cette dernière. Que cela tutoie la violence et la carte postale tunisienne aurait de bien trompeuses couleurs.
Maman regrette que nous soyons si loin de Saint-Crépin, car leurs week-ends ensoleillés partagés avec Jim et Aurélia relèvent du doux délice familial. Nous essaierons de les retrouver pour un petit séjour à Fontès.
Côté actualité, rien de notable, si ce n’est les coups bas de l’Angleterre contre la candidature de Paris 2012. Notre président s’est lui laisser aller à quelques caricatures de bistro des rosbifs dans leur approche de la PAC. Ainsi le fait qu’ils n’aient apporté qu’un élément à cette politique : la vache folle. Encore plus basique : une mise en correspondance de la mauvaise cuisine britannique et, de ce fait, de leur impossible bonne gestion des affaires agricoles. Voilà des envolées chiraquiennes plutôt raz de terre… pour se mettre au niveau des journaux torche-cul comme The Sun.

Mercredi 6 juillet, 22h45.

Et que se poursuive la débandade française…
Même les bookmakers anglais ne croyaient pas à la victoire de Londres pour l’organisation des JO en 2012. Pourtant, la métropole aux deux cents langues a été en tête lors des quatre tours. Certes, le dernier tour n’est remporté que par quatre voix d’avance, mais le sentiment d’injustice dans l’équipe française porteuse du projet ne peut en être atténué.
Chirac, à la descente de l’avion Singapour-Ecosse (?), et avant d’aller retrouver la Reine et Tony Blair, a dû composer, endosser le masque diplomatique, mais le regard éperdu ne trompait pas : sa fin de second mandat ne lui aura épargné aucune catastrophe. De Gaulle, l’homme qui a dit Non ; Chirac, l'homme auquel on a dit Non.

Samedi 9 juillet, 1h du mat.
Le contraste entre le réel désespérant et le pessimisme spielberguien s’affirme. D’un côté le World tour d’Al Qaida se poursuit avec le carnage opéré dans quelques transports en commun de Londres. Là, de vrais cadavres déchiquetés, de vraies vies brisées, d’insoignables traumatismes ; là, de vraies crapules terroristes prêts à exterminer à l’aveugle.
De l’autre, La Guerre des Mondes de Spielberg, tiré du roman de H. G. Wells, annoncé comme un film sombre : d’époustouflants effets spéciaux, de talentueux mouvements de caméra, et 90 % du film cultive cette noirceur. Alors pourquoi gâcher cette dynamique par des concessions à l’eau de rose qui préservent une fin positive ?
12h30. Le bâclage de cette issue guimauve voit triompher une pitoyable humanité capable de lyncher celui qui a réussi à faire fonctionner son automobile pour fuir avec ses enfants. Absurdité inconciliable de ces grappes humanoïdes qui viendront à bout du seul véhicule disponible. Et c’est cette civilisation, si encline à la barbarie, qui vainc les puissances extraterrestres ?
Il manque au pessimisme prétendu de Spielberg l’authenticité courageuse de feu Kubrick. Si seulement il avait été encore parmi nous pour traiter de l’hyper terrorisme au XXIe siècle…

Jeudi 14 juillet
Sur rails vers Royan, les notes mélancoliques de Coldplay en puissance auditive, je ne peux que laisser l’angoisse émue me submerger. Le massacre terroriste de Londres marque l’amorce extrême de la détermination : le kamikaze anéantit toute contre-offensive. Aucune mise en sécurité ne peut prétendre à la fiabilité. Plus rien ne compte que le jusqu’au boutisme idéologique.
Cette interminable rengaine sanglante, l’inextricable où l’on se débat, assènent leurs règles de folie massacrante… à hurler !
Je me revois, déambulant dans Londres avec Marianne et son compagnon d’alors, insouciant et curieux des monuments et recoins de cette ville-monde. Quelle différence avec tous ceux désignés pour l’écharpement sans retour ? Moi, en mémoire d’eux, pour partager la souffrance des famille en désolation absolue. A l’heure de l’estival, notre capacité d’oubli se fortifie, comme une insulte dérisoire à ce qui se manigance dans l’ombre.
Avec Depeche Mode, c’est comme le grand souffle de la catastrophe survenue : une coloration musicale d’outre tombe, un bilan effrayant du chaos, les cahots des véhicules de secours sur les gravas épars, cette agitation morbide qui ordonnance l’urgence.
8h20. TGV stoppé en pleine voie pour un « incident technique » selon l’euphémisme en usage. Après ce que je viens de rédiger, l’attente s’hypocondriaque… « Avarie sur l’indicateur de vitesse », voilà la cause de notre attente qui dégonfle toutes les hypothèses alarmistes. Ne pas savoir si l’on fonce à 295 ou 330 km/h c’est effectivement ennuyeux !
Et voilà ma correspondance Angoulème-Royan qui prend la forme d’un bus ! Temps de parcours évidemment plus long : la SNCF me bouffe mon si court temps de vacances ! Gardons notre calme…
Vendredi 15 juillet
Avec Sally, Sarah et Karl, une douceur joyeuse pour partager la détente estivale : baignade, bronzette, balades, glaces… La brièveté du séjour ne peut tolérer aucun temps mort ou gâchage par une humeur inconstante. Seule visée : aspirer le plaisir comme des bouffées d’air attendues.

Dimanche 17 juillet
A toute allure vers Lugdunum après ce court séjour sur la côte atlantique. Retrouver ma tendre BB, qui sort de son week-end de labeur, comble ma part émotionnelle, mais les retrouvailles s’accompagnent d’une reprise en force des interventions à Cqfd. Hormis quelques rallonges aux week-ends à venir, plus rien avant le 25 août.
Bonne complicité avec Sarah et Karl. Ils forment un couple attendrissant, complémentaire par leur personnalité.
Quelques pensées à l’échappée qui volatilisent toute concentration.

Vendredi 22 juillet
Quelques notes à la guitare sèche de Jim à l’ombre ventée du jardin de Fontès : voilà un instant de pur bonheur. Grand-mère, à nos côtés, aspire cette douceur musicale d’une fin d’après-midi estivale. L’ordre des choses inscrit dans ce temps en apparence disparu.
Une ‘tite pensée au grand Alain Bombard qui vient de nous quitter. Le naufragé volontaire, avec sa bouille rassurante, a définitivement marqué l’histoire humaine : l’hérétique est, depuis bien longtemps, devenu l’orthodoxie respectée. Hier soir, par hasard, nous tombons sur une rediffusion de son passage en 2002 sur TMC. Occasion de voir les images tournées depuis l’embarcation, comme une folie assumée, salutaire pour l’avancée de nos connaissances.
L’extension urbaine s’insinue jusque dans ce petit coin de l’Hérault : le jardin est désormais encerclé par l’asphalte, et trois pavillons à familles bruyantes vont pousser côté champ vendu. Le large ruban noir et puant s’impose comme un coup supplémentaire aux souvenirs liés au lieu d’enfance, comme une volonté de nous retirer tout ce qui nous ancre en un point.
A Londres, quinze jours après les saloperies de terroristes kamikazes, séance d’amateurisme voulant prolonger les basses œuvres al qaidiennes. Un résultat minable et des traces juteuses laissées pour Scotland Yard. Que la chasse aux fripouilles s’accomplisse sans état d’âme, c’est le moindre.

Samedi 23 juillet
Vent du soir, ciel laiteux, un repas partagé dans le jardin à la veille de notre départ.

Dimanche 24 juillet
Al Qaida, la nébuleuse des immondes, n’a pas pris ses quartiers d’été. Les concentrations touristiques l’inclinent à poursuivre le pire de son programme : la tuerie à l’aveugle. Après les massacres de Luxor (non labellisés par le mouvement terroriste, alors inconnu du grand public), l’Egypte subit à nouveau le déchaînement intégriste. Près de quatre-vingt dix cadavres en charpie et une économie touchée dans son nerf fragile.Pour nous, ce matin (sans maman et Jean) la belle plage sauvage entre Marseillan et Agde, qu’un projet voudrait légèrement urbaniser pour rapporter quelques sous aux communes en charge des lieux. Sale coup d’élus, si cela se fait, à l’époque de la préservation du littoral français.
Les multiples camping-cars qui s’enracinent entre le goudron et le sable dégorgent leurs hôtes ensommeillés. Au programme : vue sur l’immensité vert sale au son des véhicules. Quel dépaysement !


Mardi 26 juillet
Hier soir, appel inattendu de Heïm. Il vient d’avoir, quatre heures durant, la première petite amie identifiée de Hubert qui a partagé avec lui notre appartement commun à Pantin. Occasion de déverser ses souvenirs et analyses ; pour Heïm, l’absorption de quelques bisons et la plongée dans ses sempiternelles interrogations. L’objet de son appel : comprendre le gouffre entre l’affection manifestée lors de mon dernier passage exprès (conclu par le gerbage dans la voiture de Karl) et le silence quasi absolu qui s’en est suivi. Comme à chaque fois, dominante d’un monologue outrancier et déformateur de mes propos. Aucune envie de polémique avec lui, j’absorbe cette logorrhée verbale tout en glissant quelque semblant d’explications. Que faire, que dire, lorsqu’on ne ressent plus qu’un grand vide étranger lors de ces manifestations sporadiques ? Rompre en clair, puisque la signification de mon comportement ne lui suffit pas ? Je ne lui fournirai pas cette ultime victoire prétendue sur la justesse de ses prévisions (prédictions). Le balancier entre son affection affichée et les reproches larvés conditionne son approche. Je limite mes rares interventions au « rien à déclarer ». Ses soixante ans se feront sans ma présence, tout juste une petite manifestation par courrier ou texto.
Parmi son fatras argumentatif, nouvelle allusion à la non-publication de mon Journal : pas une question financière (je m’en serais douté !) mais le décalage incongru (et donc intolérable pour lui) entre sa formidable réussite actuelle et la narration de mon échec. MON échec ? Voilà un nouveau motif bien gonflé de mauvaise foi. Oublié l’action collective, ne reste plus que mon endossement final pour protéger les autres. Alors soit ! Qu’il me pardonne alors ce détachement critique que je ne réfrènerai pas. Tout intègre, fidèle, magnifique qu’il se dépeint, la salauderie n’est pas loin…


Vendredi 29 juillet
En route, dans un Corail surchauffé, vers Besançon via Dijon. Un samedi programmé dans des canoës kayaks avec Sarah, Karl et quelques-uns de leurs amis. Ma tendre BB doit, elle, assumer son week-end de labeur. Ciel bas, grandes eaux en descente, rien ne transparaît pour combler la villégiature expresse. Les éclairs lézardent la grisaille pour rendre l’atmosphère un chouia cataclysmique ! La nature a des ardeurs qui atrophient nos élans immodestes.

Samedi 30 juillet
Depuis la magnifique demeure des parents de Sarah, je profite de l’esthétique locale. Le père, artiste discret mais prolifique, a passé trente années pour construire et aménager cet ensemble. Une harmonie dans la complémentarité s’exhale du couple P. et rend plus authentique leur coin de paradis.
De vieilles pierres blanches aux éclats rajeunis, un parc aux espaces confortables, une multitude de pièces accueillantes pour les amis : sous les charme des lieux au cœur d’une petite localité française. Qu’irais-je m’aventurer hors des frontières quand l’infinité des paysages et l’humanité prise en individualités vous comblent à ce point ? Je n’envisage aucune fuite vers d’improbables horizons meilleurs. Cette obsession du dépaysement, des confins en mire perpétuelle, révèle souvent des existences ravagées par le vide du temps gâché. Il leur faudrait apprendre la beauté de l’ancrage, le goût de l’immobilité nourrissante, la vraie liberté de rester et faire fructifier. L’éperdu déplacement rabougrit l’âme au primaire stade de surface narratrice. Abscons un peu, ma formulation… En incisif : ne pas bouger pour éviter l’artificiel.

Dimanche 31 juillet
La bande d’amis sur le lit de la Lanterne s’est joyeusement défoulée. Trois canoës de tête : Sarah et Karl pour celui de tête, l’expérience maîtrisée ; Olivier et moi en néophytes débrouillards un peu casse-cou ; Karine et Vincent pour fermer la marche avec une spécialisation dans le « merde on tourne en rond… merde… ». De bons instants de complicité, de franches rigolades et des baignades improvisées ou forcées.
Pour le soir, défoulements au ping-pong pour parachever la fatigue physique. Sans aucun doute, un week-end aux senteurs de vacances… Pas mécontent toutefois de pouvoir serrer ce soir ma douce sur mon cœur.
Découverte le soir du frère de Sarah : personnage complexe, d’apparence hautaine et réservée, se tenant certainement en très haute considération, porté facilement vers le mépris des autres, mais l’esprit très affûté et le discours solide. Facile de comprendre l’extrême difficulté qu’a eu Sarah (la petite sœur) à se sortir du dirigisme implacable de l’aîné.Il m’a déposé à la gare de Besançon avec son petit bolide Alfa Roméo. Curieusement, ses pointes sur des doubles voies (il m’avouera avoir été jusqu’à 180km/h) ne m’ont pas inquiété. Ce type de véhicule colle à la route et ses excès ne se faisaient qu’en situation déserte d’autres véhicules. Cette expérience me fera-t-elle abandonner mes fulminations contre les inconsciences de conduites criminogènes ? Sûrement pas ! mais, comme toujours, la considération à l’unité relativise nos principes. Confirmation d’une personnalité pour beaucoup axée vers la réussite sociale, selon les canons traditionnels : performance et volonté d’ascendant sur l’autre, malgré une politesse et une gentillesse affichées.
Pour le reste, des hôtes d’une chaleureuse convivialité, le sincère objectif de faire de ces courts instants une félicité partagée. Signe d’une symbiose renouvelée : le plaisir de l’à-propos, du retour percutant pour déclencher les rires en cascades. Alerte, vif, de bon aloi : à aucun moment une morosité, une parcelle de saillance taciturne n’a germé en moi : le fonctionnement s’avère suffisamment rare pour le célébrer ici. Entre deux indignations désespérées, figure encore la place pour de belles réunions humaines.
Une Sarah aimante envers Karl, taquine et complice avec moi ; Olivier à l’esprit affûté et réceptif, aux élans humoristiques ; Vincent au rire communicatif, crème d’homme doux et attentif envers sa « douce » Karine qui assume mal son surpoids (mais que l’amour de son compagnon permet de transcender) ; les parents de Sarah déjà évoqués dans ces pages et confirmés dans leurs qualités en ce trop court dimanche… En somme, un tableau idéal de ce que devrait être toutes les réunions amicales.

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